Vous êtes végétarien et vous aimeriez transmettre ce mode alimentaire à votre enfant ? Vous souhaitez le devenir et l’inclure à toute la famille y compris bébé ? Ou vous souhaitez simplement vous renseigner sur cette façon de se nourrir et savoir si oui ou non elle peut s’adapter aux enfants ? Cet article répondra donc à vos questionnements et vous aidera à prendre le bon chemin selon vos envies, si ce n’est pas déjà fait !
Les différents types de végétarisme
Tout d’abord, il faut savoir que le végétarisme est une pratique alimentaire qui consiste à exclure de l’alimentation la chair animale et les produits dérivés. On distingue six modes alimentaires quant à la présence ou non de ces produits d’origine animale : le semi-végétarisme (ou flexitarisme) consommant occasionnellement viande, poisson, œufs, lait et produits dérivés, le pesco-végétarien (consommant poisson et dérivés de la mer, œufs, lait et produits dérivés…), l’ovo-lacto-végétarien (consommant œufs, lait et produits dérivés…), l’ovo-végétarien (consommant des œufs uniquement) et enfin, des pratiques plus restrictives telles que le lacto-végétarien (consommant seulement le lait et produits dérivés) et le végétalien qui supprime tout aliment du règne animal.
Pour ce qui est de ce dernier mode alimentaire (le végétalisme), le groupe de travail pour la création du guide du Programme National Nutrition Santé (PNNS) français mentionne que pendant la grossesse et l’allaitement, il représente une pratique totalement inadaptée et suggère qu’il soit dès lors abandonné (la teneur en certains nutriments du lait maternel peut effectivement varier en cas de dénutrition maternelle ou d’alimentation restrictive).
De façon plus globale, la Royale de Médecine de Belgique a également émis un avis défavorable quant à une alimentation exclusivement végétale pendant les périodes de croissance rapide ; notamment la 1 ère année de vie qui représente une croissance de l’enfant d’environ 25cm, soit une augmentation de 50% de la taille de naissance, et un poids en moyenne multiplié par 3.
Pour rappel : L’alimentation joue un rôle fondamental pour permettre une croissance harmonieuse et un développement optimal de l’enfant. Les produits alimentaires d’origine animale représentent effectivement une source principale d’acides aminés essentiels, de DHA, de calcium, d’iode, de fer, de zinc, de vitamine B12 et de vitamine D. L’éviction de ces sources nécessite donc une compensation par le biais d’autres aliments voire une supplémentation nutritionnelle.
Dans tous les cas, il conviendra de maintenir un allaitement maternel à la demande ou un minimum de 500ml de lait infantile par jour. Ce lait, ou ses équivalents, doit rester l’aliment de base de l’enfant auquel s’ajoute une alimentation solide pour couvrir et combler l’ensemble de ses besoins nutritionnels. Les laits de mammifères non modifiés (c’est-à-dire non infantiles) et les boissons végétales sont également vivement déconseillés car leurs compositions nutritionnelles sont inadaptées aux besoins spécifiques des plus jeunes.
Si vous optez pour le végétarisme…
Dans le cadre d’une alimentation végétarienne, je souhaite maintenant vous détailler les nutriments essentiels à surveiller et à apporter pour limiter les risques de carences :
- LES PROTÉINES :
Les sources de protéines végétales sont les suivantes : légumineuses (pois, haricots secs, lentilles, fèves), graines oléagineuses (courge, lin, pavot, chia, sésame…), fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes, pistaches…), arachide (cacahuète), céréales et dérivés (riz, maïs, blé, épeautre, sarrasin, quinoa, boulgour, pain, pâtes…).
Une nouvelle recommandation sur l’introduction des légumineuses est parue récemment et permet dès à présent sa consommation dès le début de la diversification alimentaire, soit dès 4/6 mois, mais selon les capacités masticatoires et digestives de l’enfant.
Il existe aussi une complémentarité dans les protéines végétales, c’est-à-dire, qu’il est essentiel d’associer une céréale et une légumineuse (avec des fruits et graines oléagineuses) au sein du même repas pour une meilleure assimilation et absorption de ce type de protéines.
Il sera important d’encourager la consommation d’œufs, de fromages (surtout ceux à pâtes dures, riches en acides gras), de légumineuses, de poissons (2 fois par semaine dont 1 gras, tout en variant les espèces de poissons) et de limiter les produits à base de soja.
Aparté sur le soja : cette légumineuse contenant des isoflavones, composées d’origine végétale, présente une similarité de structure avec une hormone féminine montrant, selon certaines études, des effets délétères sur le développement et le fonctionnement endocrinien et immunitaire des enfants. Il s’agirait d’un perturbateur endocrinien pouvant provoquer une puberté plus précoce. Voilà pourquoi il est désormais proscrit dans l’alimentation des tout petits et qu’il a été enlevé de la composition des laits infantiles.
- LE DHA :
Le DHA est un acide gras riche en oméga 3 et est essentiel pour le développement cérébral de l’enfant. Le lait maternel en est pourvu et le lait infantile en est enrichi. De manière générale, même en dehors d’une alimentation végétarienne, vous pouvez proposer également des œufs riches en EPA/DHA, les 2 portions de poissons par semaine dont 1 gras (en variant les espèces de poissons) et l’huile type QuintesensÒ par rapport à son enrichissement en huile de microalgues marines.
- LE CALCIUM :
Je vous préconise de privilégier un allaitement maternel ou infantile classique (1er âge puis 2e âge puis croissance) et des produits laitiers, de préférence sans sucre ajouté et sans arôme, à raison de 2 à plutôt 3 portions par jour à partir de 12 mois. Il est intéressant de diversifier les produits laitiers et de proposer à bébé du yaourt, du fromage blanc, du petit suisse, de la faisselle et des fromages mais toujours au lait pasteurisé (jusqu’à 5 ans par rapport à la listériose).
D’autres sources de calcium pourront être ajoutées pour vous aider à couvrir les besoins en calcium mais elles ne peuvent pas servir de source principale de calcium. En effet, certaines eaux minérales apportent du calcium. Elles sont à consommer en complément et en petite quantité chez les enfants par rapport à leur teneur élevée en minéraux. Les légumes verts, les petits poissons (avec les arrêtes tels que les sardines et les maquereaux), les fruits et les graines oléagineuses (telles que les purées ou les poudres d’oléagineux) sont des sources de calcium et peuvent être proposées à bébé. En revanche, leur assimilation et leur absorption sont globalement moindres par rapport aux sources d’origine animale.
Afin de garantir une bonne minéralisation osseuse, il est important de donner de la vitamine D à l’enfant, selon les prescriptions médicales.
- LE FER :
Il est important de rappeler qu’il existe un risque de carence en fer important chez l’enfant. Pour éviter cela, voici une liste d’aliments contenant du fer héminique (absorbable à hauteur de 20 à 30% par l’organisme) : abats, viandes rouges, volailles, poissons ; ainsi qu’une liste d’aliments contenant du fer non héminique (absorbable à hauteur de 2 à 5% par l’organisme) : œufs, légumineuses, légumes, fruits oléagineux. L’association du fer non-héminique à la vitamine C en permet une meilleure assimilation. Pour vous aider, les aliments les plus riches en vitamine C sont : la goyave, le poivron jaune, le cassis, le chou vert, le kiwi, le brocoli, le cresson, l’orange, le pamplemousse et le citron. Par ailleurs, les laits infantiles sont plus que recommandés car ils sont supplémentés en fer !
Quelques idées de recettes végétariennes
Vous l’aurez compris, la clé de la réussite reste encore une fois une alimentation diversifiée ! Je vous donne en plus quelques exemples de recettes végétariennes à base de légumineuses et de céréales apportant tous les nutriments nécessaires à vos enfants et qui vont surtout ravir leurs papilles : dhal de lentilles corail coco/curry servi avec des épinards et du riz, chili sin carne avec du riz, couscous végétarien aux pois chiches, nuggets de pois chiches et boulgour, houmous de betterave avec du tahin…
Cet article montre en toute transparence que ce mode alimentaire n’est pas si simple. Vous savez maintenant qu’une alimentation végétarienne est possible chez bébé mais qu’il est primordial de faire attention à apporter tous les nutriments nécessaires et ce, au quotidien. De plus, un accompagnement auprès d’un professionnel de santé spécialiste de la nutrition infantile (pédiatre, médecin généraliste, diététicienne-nutritionniste pédiatrique…) est essentiel afin d’assurer un suivi des courbes et s’assurer de la croissance et du développement optimal de votre enfant !
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie
Sources
· C. LEFEBVRE, C. NICOLAS. Les végétarismes, Chez l’enfant, l’adolescent, la femme enceinte et allaitante. EME Editions. Médecine au quotidien. 169 pages. Février 2021.
· Avis HCSP, Avis relatif à la révision des repères alimentaires pour les enfants âgés de 0-36 mois et de 3-17 ans, juin 2020.
· TOUNIAN P. Alimentation de l’enfant de 0 à 3 ans. Elservier Masson, 3e édition, 207 pages. 2011.