Faut-il saler les petits plats de bébé ? C’est une vaste question à laquelle je vais répondre dans ce nouvel article. J’en profite aussi pour vous transmettre les besoins en sel pour les plus jeunes, le rôle du sel dans l’organisme, la liste des aliments les plus riches en sel (dont certains que l’on ne soupçonne pas !) et pour finir mes petits « trucs et astuces » pour limiter l’apport en sel dans l’alimentation de toute la famille !
Besoins nutritionnels du jeune enfant
Le sel, ou chlorure de sodium, est naturellement présent dans tous les aliments que nous consommons, exceptés les huiles et le sucre. Vous verrez parfois, sur les emballages alimentaires, la mention « sodium ». Pour convertir le sodium en sel, il faut multiplier la quantité de sodium par 2,5. Si le produit contient 0,4g de sodium (soit 400mg) aux 100g, il contiendra donc 1g de sel ! Pour vous donner des exemples concrets, d’après les nouvelles recommandations de l’ANSES de mars 2021 : le nourrisson, jusqu’à 6 mois, a des besoins de 110mg de sodium par jour, ceux-ci sont complètement comblés par le lait maternel ou infantile. Jusqu’à un an, l’enfant a besoin de 370mg de sodium par jour pour passer de 800 à 1200mg jusqu’à 3 ans (soit l’équivalent de 2 à 3g de sel par jour). Pour reprendre mon exemple juste au-dessus, si un enfant de 2 ans ½ consomme 100 g du produit indiqué, cela lui apportera un tiers à la moitié de ses besoins en sel sur la journée.
Rôle du sel sur l’organisme
Le sel a un rôle physiologique dans le maintien d’un pH neutre dans les cellules, il participe à l’équilibre hydrique de l’organisme (entrée et sortie d’eau dans les cellules), il régule la pression sanguine, il transmet les influx nerveux (autrement dit l’information entre le cerveau et le corps), il permet la transmission neuromusculaire et enfin il comble une partie non négligeable des besoins en iode de l’enfant puisque le sel de table est obligatoirement supplémenté en iode.
Inconvénients de l’excès de sel chez le jeune enfant, un futur adulte…
Chez les plus jeunes, les reins sont encore immatures pour filtrer et éliminer les minéraux, comme le sodium, surtout s’il est consommé en excès. Un apport excessif de sel augmente la pression artérielle, ce qui peut entraîner de l’hypertension à l’âge adulte. À long terme, l’hypertension est, entre autres, associée aux maladies cardiovasculaires, aux accidents vasculaires cérébraux (AVC) et aux maladies rénales (c’est-à-dire du rein). Pas de panique non plus, ce n’est pas un drame s’il y a un petit peu de sel dans la cuisson ou dans certains aliments de temps en temps !
Aliments riches en sel
Globalement, ce sont les aliments transformés qui apportent le plus de sel : 75% du sodium que les enfants consomment provient de ce type d’aliments ! En effet, les industriels ajoutent du sel pour rehausser le goût des aliments (et ainsi fidéliser les consommateurs ☹). Parmi la liste non exhaustive des aliments riches en sel, on peut compter : les biscuits apéritif, les soupes industrielles en sachet ou en boîte, les bouillons et extraits de bouillon du commerce (cube, poudre, liquide), les feuilletés, les tartes, les quiches, les charcuteries et le jambon blanc, les conserves, les plats cuisinés du commerce et des restaurants, les fast-food, les poissons et poulets panés du commerce ou des restaurants, les viandes fumées, salées ou en conserve (bacon, saucisses fumées, charcuteries), les poissons fumés, salés ou en conserve (anchois, hareng fumé, morue salée et fumée, sardines), les marinades et aliments en saumure ou marinés (olives, cornichons, choucroute…), les sauces du commerce (ketchup, moutarde, soja, teriyaki…), les fromages mais aussi les pains et autres produits de panification et enfin les aliments qui contiennent des additifs alimentaires tels que : le nitrate de sodium, le benzoate de sodium, le glutamate monosodique… Cependant et étonnamment, certains aliments « sucrés » contiennent également du sodium. Il s’agit par exemple des barres céréalières, les céréales de petit déjeuner, même la crème glacée et les biscuits sont salés.
“Trucs et astuces diététiques” pour limiter les apports en sel pour toute la famille
Pour faire le meilleur choix d’aliments pour votre enfant et l’ensemble de votre famille :
- La lecture du tableau des valeurs nutritionnelles et de la liste des ingrédients sera précieuse et nous renseigne tellement sur ce que nous mangeons réellement ! Comparez les aliments entre eux et optez pour les versions réduites en sel ou sans sel.
- Cuisinez maison autant que possible selon votre emploi du temps (et vos talents de cuisinier/ère !) : vous pouvez ainsi mieux doser la quantité de sel que vous ajoutez tout en favorisant des produits frais et peu transformés. Rincez les conserves si vous en achetez de temps en temps (oui, elles nous font gagner du temps parfois !)
- Évitez de saler à la cuisson chez les moins d’un an et ne (re)salez pas à table, bébé n’a pas les mêmes sensations gustatives que nous ! Avec le temps, apprenez à votre enfant à goûter les aliments avant de les (re)saler.
- Utilisez des épices (curry doux, muscade, cumin, safran, vanille, cannelle…), des herbes aromatiques (thym, ciboulette, persil, menthe, coriandre, origan…) et des aromates (ail, oignons, échalotes…).
- Choisissez des modes de cuisson qui préservent et concentrent la saveur : la vapeur, le four, la papillote, le gril… Évitez les cuissons dans une casserole d’eau par exemple car cela dilue le goût comme le sodium part dans l’eau…
À retenir dans cet article…
- Évitez le sel ajouté jusqu’à 1 an et salez avec parcimonie jusqu’à 3 ans
- Le sel est nécessaire pour l’organisme ; cependant, comme il est déjà naturellement voire très présent dans l’alimentation, l’enfant risque plutôt l’excès que la carence.
- Limitez le sel réduit les problèmes de santé à court et à long terme.
- Cuisinez à partir d’aliments frais et peu transformés est une excellente façon de réduire la quantité de sel de l’alimentation de l’enfant et de celle de toute la famille !
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie
Sources bibliographiques
· Les références nutritionnelles en vitamines et minéraux Avis de l’Anses Rapport d’expertise collective Mars 2021