Voici un article totalement différent de ceux proposés habituellement mais il me paraît important de parler de certaines règles d’hygiène à mettre en œuvre dans le choix et la préparation des aliments pour bébé. En effet, au même titre que les femmes enceintes ou les personnes âgées, les jeunes enfants ont un système immunitaire insuffisant pour lutter contre des micro-organismes potentiellement pathogènes comme certaines bactéries par exemple. Vous savez très certainement qu’il n’existe pas de recommandations officielles sur le sujet dans la sphère privée, contrairement aux collectivités, mais je souhaite vous donner mes recommandations sous la forme d’un guide de bonnes pratiques, alors : c’est parti !
Les règles d’hygiène à adopter pour les repas…
Comme nous et pour se multiplier, les micro-organismes ont besoin d’eau, de dioxygène (de l’air !), de temps, de nutriments présents dans les aliments et d’une certaine température. Nous sommes, pour la plupart, mieux au soleil sur une île paradisiaque que sur les Fjords norvégiens ! N’est-ce pas ?
Toutes les bonnes pratiques évoquées ci-dessous découlent de ce constat et sont organisées de manière chronologique, telle une histoire :
- Tout d’abord, il faut savoir que ces bonnes pratiques sont à mettre en œuvre du producteur au consommateur en passant par de nombreuses étapes, comme le distributeur !
- Un des premiers aspects est le respect de la chaîne du froid sur les produits frais destinés à bébé, il s’agit de maintenir une température appropriée pour éviter ou limiter le développement des micro-organismes. Pour cela rien de plus simple : je vous propose donc de faire vos courses dans l’ordre suivant : produits d’épicerie, fruits et légumes, produits frais et enfin surgelés. Je vous l’accorde, il n’est pas toujours évident de faire ainsi car la grande distribution nous glisse de nombreuses tentations entre les rayons ! Puis, en rentrant à la maison, on range les courses complètement dans le sens inverse…
- Pendant les courses et aussi une fois à la maison, la lecture et le respect des dates de péremption sont essentiels. Comme évoqué précédemment, votre jeune enfant fait partie des personnes à risques. La date limite de consommation, DLC, (ou « à consommer jusqu’au… » suivie du mois, du jour et éventuellement de l’année) s’applique à la majorité des produits à conserver au frais qui sont microbiologiquement très périssables et doit être impérativement respectée pour les bébés car ils présentent un caractère dangereux pour la santé (intoxication alimentaire). Il s’agit par exemple des aliments frais, tels que viandes, poissons, charcuteries, plats cuisinés réfrigérés, ainsi que certains produits laitiers. Quant à la date de durabilité minimale, DDM, (ou « à consommer de préférence avant… »), il n’y a aucun risque pour la santé car il s’agit de produits peu périssables ou stabilisés tels que les produits secs, stérilisés, lyophilisés et déshydratés (gâteaux secs, boîtes de conserves), les produits non secs pouvant être conservés très longtemps avant ouverture comme les purées, jus de fruits, sauces, compotes. Seuls les aspects nutritionnel et organoleptique peuvent varier (comme l’arôme ou la consistance…).
- Petite astuce : la règle du PEPS, c’est-à-dire du « Premier Entré Premier Sorti » ou du « First In First Out » pour les anglosaxons… Même si la petite crème dessert tout juste achetée est très tentante, il va falloir finir les yaourts natures de la semaine dernière !
- La conservation des aliments à la bonne température est essentielle, pour cela il suffit, tout simplement, de suivre les indications notées sur l’emballage alimentaire. En effet, les aliments se conservent par le « froid et à court terme » à l’aide du réfrigérateur (en parlant de cela, vérifiez bien les zones dans le vôtre pour savoir comment bien ranger vos courses au bon endroit), par le « froid et à moyen et plus long terme » grâce au congélateur ou par le « chaud » avec la cuisson, la pasteurisation, la stérilisation…
- J’en profite pour faire un petit aparté sur la thermisation, terme que l’on peut voir notamment sur les fromages « au lait thermisé ». Cette technique chauffe les aliments entre 57 et 63°C. Or, les micro-organismes se développent entre 10 et 63°C. Par exemple, la listéria, potentiellement présente dans les laitages et responsable de la listériose, dont on peut noter une recrudescence dans les services hospitaliers pédiatriques, ne sera pas détruite. Ce ne sera donc pas suffisant pour des petits êtres ayant un système immunitaire encore immature !
- Point très important : parmi les aliments à risques à ne pas donner tels quels à bébé, on peut parler des produits carnés crus ou insuffisamment cuits comme l’œuf cru et ses dérivés (mousse au chocolat maison, mayonnaise maison, tiramisu…), les viandes et poissons fumés, séchés ou insuffisamment cuits à cœur (saumon fumé, viande des Grisons®…), les produits carnés crus (comme les sushis, les carpaccios ou les tartares), les viandes hachées et abats non cuits à cœur, le lait cru (ou thermisé) et ses dérivés (Camembert®, Morbier®, Roquefort®, Pelardon® ou encore Reblochon®…). La seule solution sera de bien faire cuire ces fromages comme grâce, par exemple, à la recette de la tartiflette. « Ouf, nous voilà sauver ! ».
- Par ailleurs, vous savez, encore plus aujourd’hui, à quel point il est primordial de se laver les mains régulièrement y compris lors de la préparation des repas, en évitant bien sûr de toucher des aliments cuits après avoir touché des aliments crus. De plus, un lavage approfondi des fruits et légumes est nécessaire pour enlever les souillures de terre visibles.
- Enfin, il convient de bien faire cuire à cœur les aliments à destination de bébé, de bien les réchauffer s’il s’agit de restes de la veille, de veiller à ne pas donner de repas cuisinés maison de plus de 24 h et de ne pas recongeler un produit décongelé. La durée de conservation des plats maison destinés à votre bébé est d’environ 1 mois au congélateur.
J’espère que ce guide de bonnes pratiques vous aidera au quotidien pour cuisiner de bons petits plats et maintenir bébé en bonne santé !
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie
Sources : Date limite de consommation (DLC), date de durabilité minimale (DDM) : quelle différence ?