« Il fait des caprices ! », « Il est difficile ! » : autant de phrases que l’on peut entendre de la part de proches, d’amis, de membres de la famille, à propos de ses enfants lorsqu’ils sont âgés, en général, de 18 mois à 6 ans. À cette période, l’enfant peut traverser des périodes d’appréhensions et de refus alimentaires caractéristiques de la « néophobie alimentaire ». Il rejette des aliments autrefois appréciés et en refuse d’autres qu’il ne connaît pas. La néophobie alimentaire est une étape tout à fait normale dans le développement de l’enfant qui apparaît généralement pendant la phase de diversification alimentaire. Dans cet article je vais vous expliquer comment identifier cette néophobie alimentaire, quelles peuvent en être les conséquences mais surtout quelles stratégies adopter pour passer cette période le plus facilement et sereinement possible !
Qu’est-ce que c’est ?
Vous l’aurez compris, la « néophobie alimentaire » signifie tout simplement craindre ce qui est nouveau ! Mais en tant que parent, cela peut paraître inquiétant, je vous l’accorde, et l’on se sent parfois démuni(e) face à cette situation. Sachez quand même que 77% des enfants âgés de 2 à 6 ans passent par une période de néophobie alimentaire ! Vous n’êtes donc pas seul(e)… Cette peur des nouveaux aliments et des nouvelles saveurs, par principe et sans même l’avoir goûté, correspond généralement avec la période du « non » chez l’enfant.
Cette fameuse phase peut se caractériser par une inspection minutieuse de chaque aliment, un tri dans l’assiette, des défenses posturales (détournement de la tête, grimace, fermeture de la bouche, refus visuel de regarder l’assiette…), une mastication des aliments à n’en plus finir, le fait de recracher ou de vomir les aliments ou purement et simplement un refus catégorique de manger. Cette période peut avoir pour conséquence un apport alimentaire insuffisant engendrant une ou des carences nutritionnelles et un retentissement sur la courbe staturo-pondérale mais aussi dans certains cas un surpoids. La solution : comprendre, accompagner et rassurer votre enfant et cela dès que possible ! Je vous donne quelques pistes à mettre en place aisément au quotidien…
Que faire ?
Le refus d’un nouvel aliment ne doit pas impliquer et conclure que votre enfant ne l’aime pas ! Il faut parfois présenter l’aliment jusqu’à 10 fois pour qu’il soit connu et reconnu. La patience sera donc de mise ! Vous avez même la possibilité de lui proposer sous une autre forme ou dans une nouvelle recette. Laissez-lui également le temps de l’apprivoiser : regarder l’aliment, interagir avec lui, le toucher (avec les doigts ou un ustensile si c’est plus facile), le sentir, l’approcher de la bouche pour peut-être essayer de le goûter ! Il s’agit là d’une stratégie de familiarisation ou de ritualisation, au même titre que le sommeil ou l’autonomie. Cela peut être renforcé en présentant le nouvel aliment avec un aliment copain, c’est-à-dire un aliment connu, reconnu et apprécié de votre enfant.
Au-delà de la familiarisation, le mimétisme peut être un véritable atout pour vous ! Votre enfant vous imite en permanence, y compris pendant les repas. Montrez-lui et éveillez sa curiosité en mangeant un aliment devant lui. Mangez également à table, en famille, dans un climat agréable, dès que cela est possible, en commençant par le week-end si c’est plus simple pour vous. En montrant l’exemple, votre enfant comprendra également qu’il peut être rassuré et manger cet aliment en toute sécurité. Par ailleurs, usez et abusez de phrases positives, encourageantes et stimulantes comme : « J’adore l’artichaut, c’est trop rigolo d’éplucher toutes les feuilles et de les tremper dans la sauce ! », « J’espère qu’un jour tu aimeras la courgette comme moi, c’est délicieux en gratin ! », « En grandissant, tu aimeras peut-être la pêche et son bon goût sucré gorgé de soleil… ».
Vous pouvez également inclure votre enfant dans les préparations culinaires. La notion de plaisir doit être omniprésente pendant cette activité. Cela peut même commencer lors des achats alimentaires et être poursuivi en cuisine à la maison. Encore une fois, on observe, on interagit, on touche, on sent et on a même le droit, en préparant, d’en piquer un petit morceau pour goûter ! Inspirez-vous de recettes sur internet ou trouvées dans un livre de recette, même celui de mamie Martinette ! Laissez-le créer un plat ou un visuel qui le rassure et qui l’encouragera, peut-être, à goûter. Votre enfant a le droit de ne pas aimer mais aidez-le à verbaliser ses sensations alimentaires : « ça pique », « c’est dur »…
Dans tous les cas, on dédramatise, on s’arme de patience et de bienveillance, en oubliant totalement le forçage et le chantage. Je suis persuadée que vous allez pouvoir mettre en place une ou plusieurs de ces solutions et que cette phase s’estompera progressivement avec le temps. En revanche, si cela perdure ou s’accentue, n’hésitez pas à consulter des professionnels de santé spécialisés (médecins, pédiatres, diététicienne-nutritionnistes, orthophonistes, ergothérapeutes…), ils sont à votre écoute !
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie
Sources
· Aprifel et Interfel (décembre 2021)