L’introduction du déjeuner « solide », généralement lors de la diversification alimentaire, est une étape importante dans la vie des enfants, et de leurs parents ! Quand l’introduire et de quoi se compose-t-il ? Y a-t-il des quantités recommandées ou des proportions à respecter ? Ces questions me sont très souvent posées en consultation, c’est pour cette raison que nous avons décidé de vous en parler ; tout en vous donnant des idées de repas équilibrés et adaptés à bébé pour éviter l’éternelle question : « qu’est-ce qu’on peut faire à manger ? » !
Le déjeuner est souvent le premier repas introduit au démarrage de la diversification alimentaire, soit entre 4 et 6 mois, selon les dernières recommandations en vigueur*. La mise en place de ce repas permet l’introduction de nombreux allergènes plus précocement qu’auparavant, limitant ainsi la potentielle survenue d’allergie(s) alimentaire(s).
Composition du déjeuner
Contrairement à ce qui peut encore être dit parfois, il vaut mieux parler de proportions que de quantités à donner à bébé ! Laissez votre enfant décider du « combien ? », vous gérez déjà le « quoi ? », le « quand ? », le « comment ? »,… Faites-lui confiance sur les quantités spontanément consommées. En effet, il a une merveilleuse capacité, celle de l’auto-régulation, et saura vous dire stop lorsqu’il n’a plus faim : il n’y a pas de gourmandise chez les tout petits. On ne peut d’ailleurs pas parler d’obésité chez bébé, même s’il est potelé, à partir du moment où il mange des aliments sains !
Pour vous aider et vous donner une indication concrète malgré ce que je viens de dire, le déjeuner devra se composer de 2/3 de légumes (carotte, haricot vert, courge, brocoli, aubergine, chou-fleur, céleri, épinard…) et 1/3 de féculents (pomme de terre, riz, pâte, semoule, quinoa, boulgour, maïs…). À ces aliments s’ajoute une portion de viande, de poisson ou d’œuf, à raison de 10 g jusqu’à 1 an, 20 g jusqu’à 2 ans, 30 g jusqu’à 3 ans… La quantité de protéines sera quant à elle importante à respecter afin de protéger les reins de bébé, encore immatures.
Autre élément indispensable au déjeuner : la matière grasse ! Il est primordial d’ajouter une cuillère à café puis à soupe d’huile (en variant les sources : olive, colza, tournesol, lin…), de crème fraîche à 30% de matières grasses ou une noisette puis une noix de beurre. La matière grasse est à intégrer, de préférence, crue ou fondue après la cuisson et juste avant de servir le plat. Pour information : un bébé de 6 à 12 mois a besoin de 45 à 50% de lipides par jour contre 35 à 40% pour un adulte ! Pour combler ces besoins colossaux en lipides, il est intéressant de présenter régulièrement des poissons gras et des fruits oléagineux (en poudre ou en purée, en raison d’un risque d’étouffement), riches en acides gras insaturés : les fameux omégas 3 !
Pour obtenir un déjeuner complet, le plat s’accompagne d’un fruit en dessert, sous forme de compote de fruit sans sucre ajouté, cuit voire cru pour préserver un maximum de vitamines. Le lait maternel ou infantile devra, quant à lui, être diminué progressivement au fur-et-à-mesure que les quantités du repas consommé par bébé augmentent.
Aspects pratiques dans la mise en place du déjeuner
Concernant la texture, les aliments doivent avoir une consistance mixée, lisse et fluide sur les premières semaines de diversification. Puis, il convient d’augmenter progressivement le gradient de texture en diversification classique : du mixé lisse, au mouliné, puis grumeleux ou écrasé à la fourchette pour tendre vers les petits morceaux fondants… L’introduction des morceaux se fait vers 8/9 mois en diversification classique et au-delà de 6 mois en DME (diversification menée par l’enfant) dans le respect des règles sécuritaires (bonne installation, tenue assise avec un minimum de soutien…). Effectivement, il est essentiel d’introduire les morceaux avant 1 an afin de développer la sphère orale avec la mastication et le panel ou répertoire alimentaire avec ces nouvelles textures.
La cuisson vapeur, en cocotte-minute ou en papillote, est à favoriser pour maintenir un maximum de vitamines et minéraux. Il est tout à fait possible de cuire les aliments à l’eau ou dans une poêle antiadhésive mais il convient d’éviter les fritures (par rapport à la dénaturation de l’huile montée à haute température). Enfin, les produits de saison voire issus de l’agriculture biologique sont à privilégier respectivement pour leur apport en vitamines et minéraux et leur absence de pesticides.
De l’eau, seule boisson indispensable, peut parfaire ce repas, bien évidemment. Elle peut aussi être proposée en dehors des repas et surtout si la quantité de lait, maternel ou infantile, est réduite progressivement. Encouragez bébé à boire de l’eau régulièrement tout au long de la journée.
Idées de recettes originales pour cet automne !
- Pour les 4-6 mois : Velouté de champignons à la béchamel et œuf dur mixé, purée de potiron/châtaigne à la dinde, purée de chou-fleur/pomme de terre gratinée au jambon, soupe de carotte au petit épeautre et au cabillaud, compote de poire à la verveine ou de pomme au mélange 4 épices…
- Pour les 6-12 mois : Écrasé de brocolis/pomme de terre et filet de colin au citron, gratin de pâtes/épinards et saumon, pot-au-feu aux légumes d’antan, risotto aux champignons ou à la courge butternut, blanquette de veau aux petits légumes et au riz, parmentier de canard à la patate douce et aux carottes, fruits d’automne rôtis au four (pomme, poire, coing, raisin…), semoule au lait à la fleur d’oranger…
- Pour les enfants en DME ainsi que les 12 mois et + : Muffin à la courge spaghetti et au poulet, tarte poireaux/chèvre, carottes rôties à la sardine et frites de polenta, crumble banane/kiwi, smoothie banane/mangue, liégeois pomme/banane/cassis, figues rôties au four, carpaccio d’ananas…
Petits conseils pour terminer cet article : prenez le temps de manger en famille le plus souvent possible, en commençant le week-end, si ce n’est pas possible en semaine… Bébé imite beaucoup et pour cela il est important de montrer le bon exemple. Prenez le temps de manger et limitez les divertissements (écrans, agitations et autres distracteurs…) afin d’intégrer ce repas le plus facilement possible. Donnez-lui une cuillère pour qu’il mange seul, ainsi, vous favorisez son autonomie ! Et surtout, éclatez-vous, le déjeuner est un moment de pur plaisir !
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie
Sources
· * « Pas à pas, votre enfant mange comme un grand, Le petit guide de la diversification alimentaire », Manger Bouger, Santé Publique France, septembre 2021
· Ce petit guide s’appuie sur les avis scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) relatifs à la révision des repères alimentaires pour les enfants de la naissance à 36 mois (juin 2019 et juin 2020).