L’allergie aux protéines de lait de vache ne concerne certes que 5% des enfants, mais reconnaissons que quand cela vous tombe dessus, c’est un peu comme un coup de tonnerre dans un ciel serein ! Vous vous posez alors beaucoup de questions : qu’est ce que c’est que cette allergie, pourquoi c’est arrivé à mon enfant, comment faire maintenant et combien de temps cela va durer ?
Commençons par la dernière question car c’est la bonne nouvelle : ce cauchemar ne durera « le plus souvent » que 2 à 3 ans. Dans 90% des cas, elle disparaît vers l’âge de 2 à 3 ans. On peut d’ailleurs accélérer le processus de guérison par une politique bien encadrée sur le plan médical de réintroduction accoutumance (désensibilisation) sous le contrôle de l’allergologue (ne pas improviser chez soi).
Qu’est donc cette allergie ?
Votre enfant était sans doute génétiquement programmé pour être allergique aux protéines de lait de vache. Ce n’est pas le lait qui l’a rendu allergique. Son corps n’accepte pas ces protéines et en leur présence fabrique des anticorps de type IgE qui se fixent sur ces protéines puis sur des cellules (mastocytes) pleines d’histamine aboutissant à la libération de celle ci dans le sang.
Elle a la capacité de dilater les artères et provoque donc l’apparition d’urticaire, d’œdèmes voire d’état de choc (chute de la pression artérielle). Donc, comme toute allergie, elle peut engager le pronostic vital. Conséquence ? En faire le diagnostic (c’est le travail de l’allergologue avec des tests et des dosages bien précis) – et une fois qu’il est fait, supprimer toute source de protéines de lait de vache et de tous les mammifères (lait de chèvre, de brebis, de jument ou d’ânesse). Eradication totale, c’est très important.
Pourquoi c’est arrivé à mon enfant ?
Parce que génétiquement votre enfant est allergique à certains aliments, et que vous n’y pouvez rien. Cela peut aussi concerner d’autres membres de la famille car l’allergie est héréditaire.
Comment faire maintenant ?
Trouver un bon allergologue et respecter strictement ses consignes car les protéines de lait sont présentes dans beaucoup de produits. Si vous faites un allaitement mixte, continuer de lui donner votre lait. Ensuite, il faudra remplacer son lait infantile par un lait infantile spécial fait uniquement à base de protéines de lait de vache totalement hydrolysées (Alfaré°, Peptijunior°, Pregestimil°, Néocate°) ou à base de protéines de riz (en pharmacie).
Il faudra également tout cuisiner avec ce type de lait (purées, yaourts, crèmes desserts) et rien d’autre. Aucun lait d’autre mammifère et aucun produit laitier (pas de yaourts, fromages, blancs, fromages …). Bien regarder les étiquettes et ne pas acheter de produits qui mentionnent : « lait, protéines de lait, lactoprotéine, protéine de lactosérum, caséine, caséinates, lactalbumine, lactose, margarine, crème ». Au moindre doute, appeler le service consommateur.
Attention aussi aux produits de remplacement à base de jus de soja (boissons, « yaourts » au soja). Il existe souvent des réactions croisées, c’est à dire que l’enfant peut aussi y être allergique. C’est l’allergologue qui vous dira s’il peut ou pas en consommer : n’écoutez que ses conseils.
Aliments et produits interdits :
Tous les produits laitiers de tous les mammifères, desserts à base de lait, pain de mie, biscottes, farines lactées, pâtisseries, crêpes, viennoiseries, entremets, glaces, purée lyophilisée, poudres chocolatées, margarines, crème, beurre, mayonnaise, sauces béchamel, gratins, gnocchis, potages, certains chewing gum, certains médicaments (dont Maxilase °), certains shampoings et pommades.
Ultime conseil : votre enfant doit toujours avoir dans son cartable le traitement d’urgence en cas de crise (stylo d’adrénaline, ventoline, corticoïde, anti histaminique) et également à l’école.
A l’école, il doit d’ailleurs faire l’objet d’un PAI (Protocole d’Accueil Individualisé) qui définit le contenu et le lieu de stockage de la trousse de secours ainsi que la conduite à tenir en cas de crise (personnel de cantine, animateurs pour les sorties scolaires, professeurs, amis …). Il amènera également son repas fait maison et ne devra pas partager les repas des autres enfants (attention à la tentation de goûter dans l’assiette de l’autre). Il existe des sociétés qui fabriquent des plats sans allergènes (Natâma° par exemple) ; cela peut vous soulager.
Et enfin, terminons sur une note positive : dites vous que cela ne « durera » que 2 ou 3 ans. Tout finira par s’arranger !
Dr Laurence PLUMEY
Médecin Nutritionniste. Hôpitaux de Paris IDF
Professeur de Nutrition
Auteur de nombreux ouvrages grand public
2 Commentaires. En écrire un nouveau
Merci pour cet article très intéressant et qui a le grand mérite d’informer les parents qui arrivent dans le monde des allergies des dangers annexes (médicaments, cosmétiques) dont on parle si peu. Il serait néanmoins plus complet d’intégrer les allergies aux PLV non IGE dépendantes. Plus difficiles à diagnostiquer et pourtant présentes : mes 2 enfants en ont souffert.
Bonjour,
Effectivement, mais le docteur Plumey ne voulait pas compliquer les choses en faisant un article assez court… Mais vous avez raison.