Ce type de lait a été conçu dans les années 2000 car on s’est rendu compte, à cette époque, que les enfants de 1 à 3 ans étaient particulièrement sujets au manque de fer. Ils tombaient souvent malades en hiver, et leurs parents s’inquiétaient de leur pâleur et de leur fatigue chronique.
Comme à cet âge, l’enfant boit beaucoup de lait, la bonne idée fût d’imaginer un lait de vache enrichi en fer (avec quelques autres éléments nutritionnels, comme le zinc, stimulant des défenses immunitaires). Le terme de lait de croissance fut trouvé.
Et c’est ainsi qu’il prit son envol, assez bien nous pouvons dire, car beaucoup de parents donnent du lait de croissance à leur enfant, de 1 à 3 ans. Ils ne peuvent pas en donner avant car ce n’est pas un lait de suite (2ème âge). Il n’est pas aussi complet et ne pourrait en aucun cas prétendre couvrir 70% des besoins nutritionnels du nourrisson comme le fait un lait 2ème âge à la formule complète et strictement réglementée.
Pour autant, tous les bébés n’ont pas besoin de prendre du lait de croissance. Seuls ceux qui sont exposés au manque de fer sont concernés. C’est à dire les enfants qui sont nés déjà en manque de fer car leur maman en manquait pendant sa grossesse.
Il peut s’agir de mamans fréquemment carencées en fer pour des raisons diverses (le plus souvent gynécologiques) et qui n’ont pas été supplémentées en fer pendant leur grossesse. Dans ce cas, le bébé naît avec peu de réserves en fer, mais il reste en bonne santé la première année car ses besoins en fer quotidiens sont assurés par le lait de sa maman ou le lait pour nourrisson (1er âge) ou lait de suite (2ème âge) qui sont nécessairement enrichis en fer à raison de 1mg de fer/100ml. A raison de 500 à 800 ml de lait infantile par jour, l’enfant recevait ses 7 à 8 mg de fer dont il avait besoin.
Mais quand il a soufflé sa première bougie, fini le lait 2ème âge. Hop, le voilà dans la cour des grands. Il passe au lait de vache. Or, celui ci ne contient pratiquement pas de fer. De plus, entre 1 et 3 ans, l’enfant doit avoir des parts de viande très petites (adaptées à son âge : 20 à 30 g par jour). Ce n’est pas avec ça qu’il va couvrir son besoin en fer !
S’il a de bonnes réserves en fer, il pioche dedans le temps d’attendre des jours meilleurs avec les portions de viande et de poisson qui vont augmenter peu à peu.
En revanche, s’il a peu de réserves de fer, il va très vite décompenser et développer une carence en fer. Le pédiatre en fera le diagnostic et lui donnera un sel ferreux en sirop, mais ce sera durant un temps limité. Il faudra prendre le relais par un lait de croissance.
C’est tout simplement du lait de vache enrichi en fer à raison d’1mg de fer/100ml. A raison de 500 ml par jour (2 biberons ou 2 bols), son besoin en fer sera couvert à 70%.
Sachez qu’il en existe en version sucrée et en version nature. Regardez bien les étiquettes : s’il n’y a que 5 g de sucres simples/100 ml, c’est seulement le lactose du lait. Le choix idéal. En revanche s’il y a environ 10 g de sucres simples/100 ml, c’est qu’il y a du sucre ajouté. Ceci sera confirmé en le voyant figurer dans la liste d’ingrédients. Je le recommande nature pour ne pas habituer l’enfant à boire sucré.
Autre information utile à savoir : ces laits ont souvent un goût de vanille, même ceux qui ne sont pas sucrés. Cet arôme sert à cacher le goût du sel ferreux ajouté au lait. Ni plus, ni moins.
En conclusion, le lait de croissance est un lait utile qui aide l’enfant à constituer ses réserves de fer. Pour les parents qui n’en veulent pas ou qui pour des raisons financières préfèrent acheter le même lait de vache pour toute la famille, il reste la solution de la viande rouge (steak haché) et du foie bien cuit, ainsi que du poisson, avec de temps à autre des purées de légumes secs.
Prévoir systématiquement au moins un fruit riche en vitamine C dans la journée car cette vitamine augmente l’absorption du fer. Attention à bien respecter la quantité de viande ou de poisson par jour pour éviter l’excès de protéines : 20 à 30 g par jour jusqu’à 3 ans – 40 g à 4 ans – 50 g à 5 ans. Voilà. Bon appétit à tous !
Dr Laurence PLUMEY
Médecin Nutritionniste. Hôpitaux de Paris IDF
Professeur de Nutrition
Auteur de nombreux ouvrages grand public