Afin de compléter mon précédent article, j’ai décidé aujourd’hui de vous parler de l’introduction des allergènes en pratique. Petit rappel : les nouvelles recommandations préconisent de commencer l’introduction des allergènes au moment de la diversification alimentaire, c’est-à-dire entre 4 et 6 mois, lors d’une période appelée « fenêtre de tolérance ». Chaque aliment peut potentiellement déclencher une allergie chez un enfant, cependant 14 allergènes, les plus fréquents, sont à déclaration obligatoire sur les emballages alimentaires.
Les introduire
Je vous recommande d’introduire chaque allergène séparément, tout d’abord en petite quantité pour valider la tolérance, en les réintroduisant régulièrement, et plutôt le midi afin d’observer d’éventuelles réactions. Restez vigilant(e), s’il y a réaction allergique, les signes peuvent apparaître de quelques minutes à 2h environ à la suite du repas. Les réactions les plus fréquentes sont d’ordre cutané (plaques rouges, urticaires, eczéma), digestif (vomissement, diarrhée) et respiratoire (asthme, gonflement de la gorge, difficulté à respirer).
Le lait
Dès l’introduction d’un lait infantile à base de lait de vache, votre enfant sera soumis à cet allergène. Lors d’un allaitement maternel et au moment de la diversification alimentaire, le lait pourra être introduit sous forme de laitages tels que le yaourt, le fromage blanc, le petit suisse et la faisselle. Ces laitages seront à proposer de préférence nature, au lait entier et sans sucre ajouté. Le fromage, à proposer au lait pasteurisé chez les plus jeunes enfants, et les matières grasses animales, comme le beurre ou la crème fraîche, contiennent également des protéines de lait.
Le gluten
Le gluten est une protéine qui se trouve dans les céréales telles que le blé, le seigle et l’orge. L’introduction du gluten pourra se faire à l’aide de farines ou de céréales infantiles avec gluten dès 4 mois. Par la suite, par ordre graduel et selon les capacités masticatoires de votre enfant, vous pourrez proposer de la Floraline®, de la semoule fine, de la chapelure, des petites ou des grosses pâtes (alphabet, étoile, perle, gros coude, cannelloni), un quignon de pain, des biscuits peu sucrés, de la cracotte, des muffins, des clafoutis, des crêpes… Certaines de ces préparations intègrent également du lait.
Les fruits à coque ou fruits oléagineux
Parmi les fruits oléagineux, on compte l’amande, la noix, la noisette, la noix de cajou, la noix de Macadamia, la pistache, le pignon… Pour des raisons sécuritaires, ces aliments ronds, petits et durs ne sont pas à introduire tels quels mais plutôt en poudre ou en purée non sucrée et non salée. Il convient d’intégrer chaque fruit à coque séparément à raison d’½ à 1 cuillère à café de poudre ou de purée dans les compotes, dans les plats (purées, muffins, pancakes…) ou sur un transporteur. Certaines solutions existent pour faciliter l’introduction comme les berlingots Dalipo.
L’arachide
L’arachide, ou plus simplement la cacahuète, fait partie de la famille des légumineuses, comme la lentille ou le haricot rouge, et non des fruits à coque ou oléagineux, cités précédemment. Comme les fruits à coque, il est conseillé d’introduire ½ à 1 cuillère à café de poudre ou de purée sans sucre ajouté dans les compotes, dans les plats ou sur un transporteur.
Le sésame
Le sésame peut être proposé à bébé sous forme de purée de sésame appelé « tahin » ou « tahini » à raison d’½ à 1 cuillère à café dans les préparations « sucrées » ou « salées », comme l’houmous par exemple.
Les mollusques et les crustacés
Ces produits de la mer devront toujours être bien frais et bien cuits pour des raisons sanitaires pour être proposés à bébé en respectant les portions recommandées (10 g jusqu’à un an, 20 g jusqu’à 2 ans, 30 g jusqu’à 3 ans…). Parmi les mollusques et les crustacés, vous pouvez donner à bébé : crevette rose ou grise, moule, noix de Saint Jacques, crabe, langouste, écrevisse, homard… Les petits chanceux !
L’œuf
Comme les aliments cités ci-dessus, l’œuf devra être bien frais et bien cuit pour être donné à bébé et dans les bonnes portions. Le jaune et le blanc peuvent désormais être proposés au moment de l’introduction des produits carnés à raison d’1 à 2 fois par semaine. Pour introduire facilement l’œuf, vous pouvez cuisiner des crêpes (et les proposer en lamelles), des gaufres, des muffins dans le cadre de la DME… ou tout simplement en œuf dur mixé ou omelette mixée lors d’une diversification classique.
Les poissons
Les poissons sont également des aliments à risques sanitaires, la fraîcheur et la cuisson à cœur sont donc des éléments indispensables. Il est préconisé de les proposer à bébé 2 fois par semaine en alternant les poissons maigres et les poissons gras, type sardine et maquereau (en conserve au naturel), saumon…
La moutarde
Lorsque vous mijotez une blanquette de veau ou un bœuf aux carottes, n’hésitez pas à mettre une pointe de cuillère de moutarde de Dijon® par exemple pour introduire cet allergène.
Le céleri
Rave ou branche, le céleri agrémente les purées de bébé. Dans les 2 cas, mélangez-le aux autres légumes, il parfume beaucoup les préparations.
Le lupin
Comme l’arachide, le lupin fait partie de la famille des légumineuses et peut être introduit sous forme de farine en remplacement d’un féculent lors du repas.
Exclusion pour le soja et les sulfites
Les produits à base de soja, comme le tofu par exemple, ne sont pas recommandés avant l’âge de 3 ans car ils contiennent des isoflavones, potentiels perturbateurs endocriniens. Un principe de précaution s’applique donc selon les dernières recommandations de l’ANSES de juin 2019. Les sulfites, se trouvant principalement dans le vin, seront à introduire ultérieurement.
Vous avez maintenant toutes les informations nécessaires pour introduire les allergènes en toute sécurité et de manière sereine. L’important et de les introduire en petite quantité, à partir de la fenêtre de tolérance entre 4 et 6 mois, mais surtout régulièrement.
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie