C’est une vaste question : que penser des petits pots industriels infantiles ? Certains parents les bannissent totalement et d’autres n’ont recours qu’à ces préparations pour nourrir leur bébé. Mais alors, qu’y a-t-il vraiment dans ces petits pots ? Quelle est la législation et a-t-elle évolué récemment ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ces préparations ? Comment les intégrer et les faire évoluer dans l’alimentation de bébé ? Je réponds à toutes ces questions pour toujours vous aider à y voir plus clair et je déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts dans cet article.
Tout d’abord, un point sur la règlementation…
Dès qu’il s’agit d’éléments, nutritifs ou non d’ailleurs, à destination des enfants en bas âge, la réglementation est très stricte et c’est tant mieux ! Un arrêté du 1er juillet 1976 a défini les modalités des aliments destinés aux nourrissons et enfants en bas âge. Des normes très précises régissent la fabrication, l’hygiène et la composition de ces petits plats pour bébé. Ces préparations répondent également aux besoins nutritionnels des bébés selon leur âge et respectent les recommandations officielles, en particulier grâce à une composition adaptée en protéines, sel, vitamines et minéraux.
Il est totalement interdit d’utiliser des conservateurs, des colorants, des édulcorants, des arômes artificiels et des hormones. Concernant les additifs, le nombre d’autorisation est très limité, 53 contre 400 pour l’alimentation courante ! Les seuils applicables aux nitrates sont 10 fois plus faibles que pour les aliments classiques… Il est également interdit d’utiliser certains pesticides dans les cultures ; et pour les autres, des seuils de résidus dans les produits finis jusqu’à 500 fois plus stricts que pour les aliments pour adultes (taux inférieurs à 0,01 mg/kg). Les seuils de conformité sont 2 à 25 fois plus faibles en métaux lourds : par exemple le plomb, le cadmium… La surveillance des contaminants microbiologiques après stérilisation ou pasteurisation est accrue avec par exemple 10 contrôles pour la listéria, bactérie responsable de la listériose, contre 1 pour les autres aliments. Même l’emballage a son importance : certains phtalates sont interdits car ils sont identifiés comme perturbateurs endocriniens !
Vous l’aurez compris ces petits pots pour bébé sont élaborés selon des normes rigoureuses. Et que les aliments soient issus ou non de l’agriculture biologique, cela ne change pas grand-chose ! Ce sera surtout selon votre sensibilité personnelle ou familiale.
L’arrêté de 1976 a évolué au cours du temps pour donner lieu à une norme AFNOR NFV90-001 et un logo nommé : « Destiné à l’alimentation du tout petit », où vous pouvez retrouver d’autres informations sur le site : www.alimentatationdutoutpetit.fr.
Pour compléter ces informations, place aux avantages…
Carrément pratiques lors des déplacements pour des raisons d’hygiène et de sécurité alimentaire, les petits pots industriels infantiles sont aussi adaptés en dépannage. Ils s’avèrent tout aussi utiles en début de diversification alimentaire par rapport aux petits volumes consommés par bébé. Les portions et les variétés de goût évoluent avec la croissance de votre enfant. Ces plats permettent même parfois de faire goûter des aliments anciens, peu courants voire insolites ou que nous n’apprécions pas nous-mêmes ! Certaines entreprises, à taille plus humaine que les multinationales les plus connues, fleurissent sur internet et proposent aujourd’hui des petits pots pasteurisés tout à fait délicieux et originaux. Pour résumer, ces petits pots sont complètement appropriés si on n’a pas le temps ou pas l’envie de cuisiner !
Quelques inconvénients tout de même !
Ce que je remarque régulièrement, en arpentant les rayons de nutrition infantile ou à travers les emballages alimentaires que les parents m’amènent en consultation, c’est la faible teneur voire l’absence de matière grasse ajoutée dans les préparations. Pour rappel, elles sont indispensables pour combler les besoins nutritionnels dans le but de garantir une croissance harmonieuse et un développement cérébral optimal des enfants.
Un autre inconvénient est la texture de ces plats. En effet, elle doit être adaptée à une majorité d’enfants mais reste relativement molle et mixée, donc peu propice au développement des capacités oro-motrices. Une étude a démontré qu’une évolution tardive de la texture avait un impact sur la diversité et le répertoire alimentaire. De plus, la majorité des plats sont verts, blancs ou oranges alors que l’on sait à quel point une alimentation variée est haute en couleur ! Certains enfants, soumis toujours aux mêmes marques (même couleur, contenant, texture, recette…), ont une période de néophobie alimentaire exacerbée, restant ainsi dans leur zone de confort.
Comme les laitages dit « infantiles » font partis de ces préparations infantiles, j’en profite pour faire un petit rappel de l’article que j’ai déjà écrit sur le sujet . Ils ne sont plus faits à partir de lait infantile malgré ce qui est encore véhiculé par certains professionnels de santé. Ils sont désormais au lait entier, au même titre que certains laitages classiques du rayon frais mais un ajout de sucre les rend moins adaptés à bébé qu’un laitage classique nature. Dans le même registre, les desserts végétaux type brassés végétaux ne contiennent pas de calcium et ne sont donc pas à comparer ou à donner en remplacement d’un laitage.
Derniers points de vigilance : optez pour des versions avec produits carnés le midi et sans pour le soir si toute la portion a été consommée. Variez les recettes : mono-légumes ou mélanges de légumes, en étant attentif qu’il y ait le plus souvent possible des féculents présents dans la préparation. Les petits pots infantiles industriels sont à conserver 24h après ouverture et il convient de faire très attention au réchauffage à l’aide du micro-onde par rapport aux risques de brûlures ! Pour conclure cet article, je dirais que ces petits pots infantiles industriels peuvent être un complément de l’alimentation familiale faite maison et sont tout à fait pratiques pour dépanner. Et pour gagner du temps et être des parents super organisés, n’hésitez pas à cuisiner de grandes quantités et à congeler en petites portions pour bébé.
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie
Sources
· Arrêté du 1 juillet 1976 relatif aux aliments destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge
· Norme AFNOR NFV90-001
· Site internet : Un nouveau symbole pour mieux choisir l’alimentation de bébé. (alimentationdutoutpetit.fr)
· Article MPEDIA. Spécialiste de l’enfant : « Destiné à l’alimentation du tout-petit” : un nouveau logo pour mieux informer les parents »