Pas facile de savoir comment faire lorsque la diversification alimentaire de bébé arrive ! On se pose souvent des milliers de questions et on s’y perd avec la multitude d’informations que l’on trouve autant sur les réseaux qu’à travers les conseils, plus ou moins d’actualité, de ses proches ou de certains professionnels de santé… J’ai donc décidé de vous proposer une vulgarisation détaillée des dernières recommandations des experts en matière de nutrition et de diversification alimentaire sous forme de check-list que vous pourrez cocher au fur et à mesure du franchissement des étapes. Alors, c’est parti !
Par définition, la diversification alimentaire intervient durant la période dite des « 1000 jours », de la conception aux deux ans de l’enfant, évolution selon laquelle les conditions, notamment alimentaires, influencent la santé future du jeune enfant. D’un point de vue nutritionnel, d’importants changements se produisent : transition d’une alimentation ombilicale à une alimentation orale uniquement liquide puis une deuxième transition avec cette fameuse introduction d’aliments variés et solides, à la cuillère ou avec les mains en adaptant la texture, pour enfin arriver à une alimentation familiale.
Check-list des indispensables à suivre pour bien mettre en place la diversification alimentaire
- Âge de la diversification alimentaire : entre 4 et 6 mois révolus représentant une fenêtre de tolérance pour l’introduction des allergènes même si l’enfant est à risque du fait de son histoire familiale (pour en savoir plus : article sur les allergènes)
- Poursuite d’une alimentation lactée seule après 6 mois non recommandée
- Maintien du lait maternel ou infantile le plus longtemps possible (même au-delà de 3 ans) : pour notamment les besoins en eau, la présence d’acides gras essentiels, l’enrichissement en fer et autres micro-nutriments et l’apport contrôlé en protéines (pour en savoir plus : article sur le lait de croissance)
- Ajout systématique de matières grasses dans les préparations faites maison et dans les plats industriels infantiles pour combler les besoins colossaux en lipides (pour en savoir plus : article sur les matières grasses)
- Introduction de tous les groupes alimentaires de manière concomitante (produits laitiers, fruits et légumes, féculents/produits céréaliers/légumineuses, viande/poisson/œuf et matières grasses) : pas d’ordre ni de rythme particulièrement recommandé et arrêt de la nécessité de les introduire 1 par 1 et sur 3 jours consécutifs
- Respect des signaux de faim et de rassasiement (avec un article à venir prochainement pour savoir les repérer) afin de maintenir le plus longtemps possible la capacité d’autorégulation du jeune enfant (pour en savoir plus : article sur l’autorégulation)
- Mise en place de 4 repas par jour : petit déjeuner, déjeuner, goûter (et 1 seul !) et dîner
- Environnement favorable pour la prise des repas : limiter les pressions, les récompenses et le forçage alimentaire ; manger en famille dès que cela est possible, dans un cadre calme et chaleureux, sans distracteur (c’est-à-dire sans écran)…
- Augmentation de la familiarisation des nouveaux aliments : sans nécessairement les faire goûter
- Importance de répéter des propositions alimentaires variées : avec jusqu’à 8 à 10 présentations pour des aliments initialement refusés par bébé, y compris pour entretenir l’exposition aux allergènes et prévenir la néophobie alimentaire ! (pour en savoir plus : article sur la néophobie alimentaire)
- Respect des capacités masticatoires à travers des textures adaptées : importance d’introduire des textures plus complexes entre 8 et 10 mois, ou avant dans le cadre de la Diversification Menée par l’Enfant tout en respectant les prérequis (pour en savoir plus : article sur les bases de la DME)
- Introduction le plus tard possible d’aliments riches en sucres rapides : confiseries, boissons sucrées, biscuits, aliments transformés… (pour en savoir plus : article sur les produits sucrés)
- Application des mesures d’hygiène pour limiter la survenue d’intoxication alimentaire (pour en savoir plus : article sur les règles d’hygiène pour les repas de bébé)
Conseils pratico-pratiques sur la diversification alimentaire par groupe d’aliments
- Produits laitiers :
- Maintenir le lait maternel ou infantile selon l’âge de l’enfant le plus longtemps possible ou prendre du lait entier le cas échéant
- Privilégier les laitages nature, sans sucre ajouté et entiers voire enrichis en crème (pour en savoir plus : article sur les laitages pour bébé)
- Opter uniquement pour des fromages au lait pasteurisé jusqu’à l’âge de 5 ans (pour limiter le risque de listériose)
- Fruits et légumes :
- Préférer des préparations maison et un mode de culture diminuant l’exposition aux pesticides, par principe de précaution
- Varier entre les fruits et légumes crus et cuits dès que possible en adaptant la texture à la capacité masticatoire de l’enfant (possibilité de les introduire râpés)
- Favoriser la consommation de fruits oléagineux (noix, noisette, amande) à introduire séparément au départ et toujours en poudre ou en purée sans sucre ajouté
- Limiter les jus de fruits aux occasions uniquement
- Féculents/produits céréaliers/légumineuses :
- À adapter en fonction des capacités masticatoires et de la tolérance digestive
- Associer des céréales aux légumineuses pour une complémentarité des acides aminés (composés des protéines)
- Introduire le gluten comme les autres allergènes entre 4 et 6 mois
- Éviter le soja et les produits dérivés le plus possible avant l’âge de 3 ans
- Viande/poisson/œuf :
- Donner 10g jusqu’à 1 an, 20g jusqu’à 2 ans, 30g jusqu’à 3ans…
- À proposer toujours bien frais et bien cuits
- Éviter les charcuteries notamment par rapport à leur teneur élevée en sel
- Proposer 2 poissons par semaine dont 1 gras (pour en savoir plus : article sur ls poissons)
- Matières grasses :
- À ajouter crues ou fondues dans toutes les préparations, comme cité précédemment
- Varier entre les huiles végétales, le beurre doux et la crème fraîche 30 à 40% MG
- Autres :
- Seule l’eau est indispensable
- Limiter le sel et le sucre ajouté dans l’alimentation de manière générale
Pour encore plus de conseils pratiques : retrouvez les repas/menus type par tranche d’âge sur ce site. Autres rappels importants : les consultations systématiques de suivi avec le médecin traitant ou le pédiatre servent à mesurer et peser votre enfant et ainsi permettent de suivre son évolution. Pensez à vous faire accompagner dans des situations spécifiques : pathologies, allergies ou intolérances alimentaires, alimentation végétarienne, troubles alimentaires pédiatriques (anciennement connus sous le terme de troubles de l’oralité…) par des spécialistes de la nutrition infantile. Et quoi qu’il arrive : faites-vous confiance et faites confiance à votre enfant !
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie
SOURCES
· Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les enfants de 0 à 3 ans, ANSES, 12 juin 2019
· Avis relatif à la révision des repères alimentaires pour les enfants âgés de 0 à 36 mois, Haut Conseil de la Santé Publique, 30 juin 2020
· Brochure « Pas à pas, votre enfant mange comme un grand, le petit guide de la diversification alimentaire », Santé Publique France, 13 septembre 2021